En tant que défenseur des écoles catholiques canadiennes, vous connaissez sûrement très bien le système scolaire catholique de notre pays. Cependant, dans les médias, ce sont souvent les écoles catholiques américaines qui sont présentées. Vous avez probablement remarqué quelques différences avec les nôtres.
Le Canada et les États-Unis partagent des origines semblables. En Amérique du Nord, au début de la fondation des nations, les établissements religieux étaient chargés de l’éducation des jeunes car les gouvernements n’avaient pas les ressources nécessaires pour assurer une éducation publique.
Malgré leurs nombreuses similitudes, les systèmes scolaires catholiques du Canada et des États-Unis ont emprunté des chemins différents. Leur histoire et leur développement respectifs ont été différents. Pourquoi? Comment les écoles catholiques se sont-elles développées différemment aux États-Unis? Comment les écoles publiques et privées sont-elles financées? Quel type de culture catholique est privilégié dans ces écoles?
Le présent article est un aperçu historique du développement des écoles catholiques aux États-Unis, et décrit également leur fonctionnement actuel et les différences avec notre système scolaire canadien.
Reconnaissance
Avant de commencer, il est important de reconnaître que de nombreux éléments particuliers et précieux des langues et cultures autochtones ont été perdus ou abolis durant la colonisation et l’occidentalisation, où les écoles catholiques ont joué un rôle actif. Cela sans oublier les innombrables vies autochtones qui ont été perdues à cause de la maladie, de la guerre, de pratiques et systèmes injustes et surtout de la tragédie des pensionnats autochtones.
Ces injustices ont conduit à une tragédie que tous les Canadiens catholiques doivent continuer de déplorer et essayer de réparer. Pour en apprendre davantage sur ce volet important de notre histoire, veuillez consulter des ressources comme la page de la CECC sur les peuples autochtones et visiter le Centre national pour la vérité et la réconciliation.
Rejeter l’influence protestante : l’histoire du système scolaire paroissial aux États-Unis
Dans l’ensemble, les débuts de l’Amérique ont été fortement influencés par le protestantisme. Les pèlerins venus d’Angleterre pour établir les premières colonies étaient, à quelques exceptions près, des protestants. Cette influence religieuse s’est étendue aux écoles publiques, où la foi et les valeurs protestantes ont, explicitement ou implicitement, été enseignées.
À l’époque, les nombreux catholiques qui s’installaient dans les colonies craignaient les influences non catholiques dans les systèmes éducatifs. De ce fait, ils ont mis sur pied des écoles catholiques séparées afin d’élever leurs enfants dans le respect de leur foi. Peu après la déclaration d’indépendance, les États-Unis ont dû prendre une décision.
Financer ou non?
La différence essentielle entre les écoles catholiques américaines et canadiennes réside dans le financement. Contrairement au Canada, où le droit de fonder un système scolaire catholique distinct était un droit constitutionnel dans certaines provinces, les législateurs fédéraux américains de la toute nouvelle nation étaient largement opposés à tout financement public de l’éducation catholique.
Cette décision a été maintenue au fur et à mesure de la croissance de la nation. Dans les années 1840, lorsque près d’un million de catholiques irlandais ont émigré en Amérique du Nord pour fuir la grande famine, le sentiment anticatholique s’est accru aux États-Unis, conduisant la plupart des États à interdire légalement le financement des écoles catholiques par des fonds publics.
Une éducation fondée sur des liens au niveau local
En raison de cette interdiction, l’éducation catholique ne reposait pas sur un système scolaire national bien financé, mais sur la volonté de diverses paroisses et communautés religieuses locales. Dans plusieurs régions, différents groupes ont fondé des écoles. Aujourd’hui, des écoles catholiques américaines sont encore gérées par une seule paroisse, un groupe de paroisses, une communauté religieuse ou un diocèse.
Aux États-Unis et au Canada, les élèves catholiques étaient principalement éduqués par des religieuses, des frères et des prêtres de la paroisse locale ou des missionnaires de la région. Dans les deux pays, l’héritage du clergé et des enseignants religieux reste très présent dans les écoles catholiques, malgré le fait que la plupart des postes d’enseignement et d’administration sont aujourd’hui occupés par des profanes.
Soutien juridique : l’histoire du système scolaire catholique canadien
Sur le plan historique, les premières écoles catholiques canadiennes remontent plus loin que l’histoire du Canada, à une époque où des influences culturelles et religieuses européennes arrivaient sur le continent. Sur le plan juridique, l’éducation catholique a été consacrée dans l’article 93 de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique de 1867, puis confirmée dans l’article 29 de la Charte des droits en vertu de la Loi constitutionnelle de 1982. Sans cette protection des écoles confessionnelles, la Confédération n’aurait pas été accomplie. De plus, la Cour suprême du Canada a confirmé ce pilier de notre nation (source).
Au début de l’histoire du Canada, les établissements religieux étaient les principaux lieux d’éducation des jeunes. Dans les années 1800, l’attitude générale envers l’éducation a changé. Beaucoup estimaient que la responsabilité de l’éducation incombait à l’État, plutôt qu’aux particuliers, qui payaient des frais de scolarité pour leurs enfants ou faisaient des dons. Cela a conduit à la création d’un financement fondé sur les impôts, qui était habituellement perçu par les écoles ou les conseils scolaires eux-mêmes.
Cela concernait aussi le système des pensionnats autochtones, au sein duquel le gouvernement et les institutions religieuses ont collaboré pour retirer de force les jeunes autochtones de leur foyer afin de les éduquer selon des pratiques exclusivement occidentales; un système qui a eu des conséquences énormes et irréversibles sur les peuples et cultures autochtones. Ces établissements ont fonctionné de la fin des années 1800 à la fin des années 1900.
Dans les années 1960, une forte pression publique a demandé le retrait de l’éducation religieuse des écoles publiques au Canada. La plupart des écoles catholiques ont pu garder leurs méthodes d’enseignement fondées sur la foi, mais, influencées par cette pression publique, un grand nombre ont retiré une bonne partie du contenu religieux de leurs programmes.
Protection des droits des minorités
La Constitution canadienne a été fondée sur le respect des droits linguistiques et éducatifs des minorités et continue de les défendre dans le cadre de notre tradition des droits de la personne. De ce fait, le soutien accordé au droit à l’éducation catholique des minorités au Canada peut être considéré comme un soutien à tous les droits des minorités religieuses. Le Parlement du Canada a pour tradition de défendre les droits des minorités et le droit à l’éducation inscrit dans la Constitution, y compris les écoles des minorités financées par l’État, tel que décrit dans la Constitution (source).
De nos jours aux États-Unis
Public et privé
Aux États-Unis, il existe deux principaux types d’écoles : publiques et privées. Les écoles publiques sont financées par le gouvernement fédéral et gérées par une entité gouvernementale, et les écoles privées sont généralement administrées par des conseils scolaires privés et ne sont pas soumises au même contrôle public, bien qu’elles puissent être tenues de respecter certaines exigences de l’État concernant leur fonctionnement.
Le modèle d’école publique américain est très semblable au modèle canadien : les conseils scolaires régionaux dirigent les activités des écoles situées sur leur territoire. Toutes les écoles publiques sont soumises à des exigences régionales et financées par les gouvernements fédéral et locaux par l’intermédiaire des impôts.
Écoles privées
Les écoles privées comprennent généralement les écoles confessionnelles et les écoles à charte. Les écoles confessionnelles sont très variées et concernent de nombreuses expressions de foi. Elles exigent généralement des frais de scolarité et dépendent énormément des collectes de fonds pour financer leurs activités. Elles reçoivent rarement des fonds d’organismes gouvernementaux, bien qu’elles puissent demander et recevoir des subventions pour des projets éducatifs particuliers. Les écoles à charte sont des écoles juridiquement et financièrement autonomes, sans frais de scolarité, sans affiliation religieuse et sans admission sélective des élèves, et fonctionnent comme des entreprises privées, indépendamment de nombreux règlements gouvernementaux.
Qui fréquente les écoles catholiques?
En 2019, selon le National Center for Educational Statistics, environ 3 % de tous les élèves aux États-Unis fréquentaient une école catholique, 7 % fréquentaient d’autres écoles privées non catholiques, 2 % étaient scolarisés à domicile et les 88 % restants étaient inscrits dans des écoles publiques. Cela représente plus de deux millions d’élèves catholiques qui fréquentent des écoles de la maternelle à la douzième année.
D’après une recherche de 2016 publiée par la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB), la population minoritaire des écoles catholiques était constituée de 16,1 % de Latinos, 7,7 % de Noirs/Africains américains, 5,5 % d’Asiatiques américains et 5,9 % de multiraciaux. En 2016, 17,4 % des élèves des écoles catholiques n’étaient pas des catholiques.
Sous l’autorité de l’évêque
Le système scolaire catholique américain n’est pas un système national unifié. Il s’agit plutôt de groupes dirigeants ou de conseils scolaires régionaux ou diocésains qui sont vaguement liés entre eux par les principes de l’éducation catholique et les conseils de l’USCCB.
En général, la gouvernance d’une école catholique est exercée par un conseil scolaire catholique local qui rend compte à l’évêque, lequel agit parfois en tant que surintendant, siège au conseil en tant que membre exécutif ou est représenté au conseil par un délégué. En ce qui concerne toutes les actions de l’Église dans un diocèse donné, l’évêque local est l’autorité suprême.
La pratique catholique dans les écoles américaines
La pratique catholique varie considérablement d’une école à l’autre, à l’instar des écoles canadiennes. Presque toutes les écoles catholiques américaines ont un cours de religion et un accès régulier aux sacrements. Comme au Canada, certaines écoles considèrent leur volet religieux et spirituel comme un élément central de leur identité, tandis que d’autres reconnaissent l’importance de leur fondement catholique tout en mettant davantage l’accent sur d’autres éléments, tels que de solides études.
Aux États-Unis, l’enseignement catholique semble être important pour les personnes qui développent plus tard une vocation religieuse permanente. Dans une enquête récente portant sur les personnes qui ont prononcé leurs vœux perpétuels dans la vie religieuse en 2022, « près de la moitié (48 %) ont déclaré avoir fréquenté une école primaire catholique et 36 % ont continué leur éducation catholique au collège et à l’université », ce qui représente plus du triple de la population générale des adultes catholiques.
Conclusion
Bien que les systèmes scolaires catholiques américain et canadien soient différents sous de nombreux aspects, notamment le financement et le soutien gouvernemental, ils partagent de nombreuses similitudes : une longue tradition d’enseignement assuré par le clergé et des religieux, un ancrage dans les collectivités locales et le désir des enseignants de transmettre notre trésor le plus précieux : le dépôt de la foi.
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