Au cours de siècles d’existence comme institution, le Vatican a accumulé son lot de mystères, d’intrigues, et d’inconnu.
John L. Allen, lui, dit que ce n’est pas vrai.
Conférencier d’honneur au congrès L’Éducation catholique: un échange national, M. Allen est un correspondant américain au Vatican pour le Catholic National Reporter et analyste principal du Vatican pour CNN.
Pour avoir passé de nombreuses années au Vatican comme journaliste, M. Allen comprend bien les gens et l’histoire du Vatican, et ses façons d’opérer.
Voici cinq mythes communs sur le Vatican, qu’il a réfutés pour le plaisir des participants au congrès:
1. Il existe une entité telle que le Vatican. Qualifiant la structure qui entoure le pape comme étant “l’opposé des épouses de Stepford,” M. Allen indique que cette structure n’est pas très cohésive. Selon sa propre expérience, les gens qui font partie de la hiérarchie du Vatican sont rarement d’accord entre eux.
2. La centralisation. “La créativité dans l’Église ne vient jamais de Rome”, dit M. Allen. “Les évêques et les cardinaux qui y résident ne disposent ni des ressources ni du temps nécessaires pour gérer les détails. Selon M. Allen, il existe un “mythe du contrôle absolu” en ce qui a trait aux transactions qui se déroulent à Rome.
3. Le Vatican est riche. M. Allen a fourni de nombreux détails sur les croyances des gens quant à la vie du pape et de ses subordonnés. Certains les croient allongés à longueur de journée sur des coussins de velours pendant que de chastes religieuses les nourrissent de raisins, ce qui a soulevé les rires de l’assistance. Il indique que le style de vie du Vatican et sa relation à l’argent font souvent l’objet d’idées fausses. “Il faut comprendre que les finances frauduleuses ne sont pas de bon ton au Saint-Siège,” dit-il. “Les salaires des cardinaux sont minimes, surtout si on les compare à ceux du monde corporatif.”
4. Le Vatican est une institution secrète. “À Rome, tout est un mystère, mais rien n’est un secret,” dit M. Allen. Son expérience lui a montré que la compréhension de la théologie et de l’idéologie du Vatican révèlent bien de soi-disant secrets. “La plupart des gens n’arrivent pas à comprendre, et par conséquent, ils croient au secret,” dit-il. “C’est singulier et particulier, mais ce n’est pas secret.” Lorsqu’il ne comprenait pas telle ou telle décision du Vatican, il lui a toujours été possible de découvrir une justification. “Il existe trois langues au Vatican: l’italien, la langue de l’Église catholique et la langue du Vatican. Pour bien comprendre le Vatican, il faut s’efforcer de bien comprendre sa langue.”
5. Tout le monde veut devenir pape. Une croyance populaire à l’extérieur des murs du Vatican veut que chaque prêtre veuille devenir monseigneur, chaque monseigneur, évêque, chaque évêque, cardinal, et que tous les cardinaux aspirent à devenir pape. “Ce n’est pas vrai,” dit M. Allen. Suite au décès de Jean-Paul II, il a interviewé les deux tiers des 115 cardinaux, pour apprendre que la grande majorité d’entre eux ne désiraient pas lui succéder.
“Connaissant leurs limites, ils ne se sentent pas à la hauteur, car être pape n’est pas une mince affaire,” explique-t-il. “On s’attend à ce que vous soyez un saint vivant et que vous représentiez les enseignements catholiques de toute l’Église pour le monde entier.”
Pour comprendre le Vatican, M. Allen offre ce conseil aux participants: “Méfiez-vous des fausses hypothèses,” dit-il, en ajoutant que ces mythes ralentissent la croissance de l’Église catholique.
Après sa présentation, on a demandé aux délégués de discuter de la question suivante: “Comment ces mythes influencent-ils votre compréhension des croyances catholiques que nous transmettons par notre enseignement catholique au Canada?”
Voici quelques unes des réponses recueillies:
- Il faut apprendre de ces mythes sur le Vatican qu’ils sont l’équivalent des perceptions du public au sujet de l’éducation catholique. Il faut que les médias soient mieux informés.
- Il ne faut pas attendre que ce soit un évêque qui introduise certaines idées dans nos écoles. Nous sommes responsables des changements puisque nous sommes l’église.
- Au niveau local, on peut prendre plus de décisions que l’on croit.
- Nous pouvons démythifier le langage du Vatican en l’introduisant dans notre enseignement.
- Les liens avec notre évêque sont primordiaux. La relation famille – école – paroisse continue d’être importante.
- Nous sommes victimes de ces mythes. Certaines de ces croyances nous proviennent des médias sociaux et sont parfois erronées.
- Certains groupes catholiques de la droite utilisent parfois le Vatican pour justifier des idées fausses.
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