« Le mot qui revenait sans cesse dans notre groupe, c’était la joie, la joie de partager, d’écouter et d’être ensemble. »
— Document final nord-américain pour l’étape continentale du Synode 2021-2024. paragraphe 2.
En 2021, à la demande du pape François, l’Église catholique universelle a lancé le Synode sur la synodalité, auquel beaucoup d’entre nous ont participé d’une manière ou d’une autre dans leur propre diocèse. Pourtant, bien que nous ayons entendu parler du processus et que nous y ayons peut-être même participé, un grand nombre d’entre nous ne comprennent pas entièrement les termes « synode » et « synodalité », sans parler de leurs effets sur notre propre foi et nos activités dans le système scolaire catholique.
Qu’est-ce qu’un synode? Qu’est-ce que la synodalité? Combien de temps durera le processus synodal de l’Église? Et comment pourrait-il concerner les écoles catholiques au Canada?
Compte tenu de la récente publication du Document final nord-américain pour l’étape, le moment est opportun de faire le point sur le processus dans notre partie du monde et de voir comment appliquer ses enseignements dans nos écoles catholiques.
Qu’est-ce que la synodalité?
Commençons par définir le terme « synode ». Un synode est essentiellement une réunion d’évêques et de responsables du monde entier pour étudier un sujet particulier. Par exemple, un synode a récemment eu lieu sur la famille, l’évangélisation et les jeunes.
Qu’est-ce que la « synodalité »? La définition la plus simple est : cheminer ensemble. L’Église considère cette méthode d’accompagnement comme un moyen particulier de discernement et de décision, à l’image de l’Église des toutes premières années après la mort de Jésus, lorsque les apôtres et les disciples vivaient en étroite communauté et contribuaient ensemble à la mission de l’Église. Ce modèle synodal se caractérise en particulier par l’écoute, le discernement dans la prière et la participation de tous.
Cela ne signifie pas que l’Église est une démocratie, car nous savons qu’il existe des rôles de leadership spécialement consacrés par l’onction au sein de l’Église (p. ex. le pape, les évêques et le clergé). La synodalité nous donne plutôt la vision d’un leadership respectueux et authentique.
Le Synode 2021-2024 sur la synodalité est l’occasion pour l’Église de se réunir pour étudier, discerner et sonder la nature même de la prise de décisions de l’Église et permet à chaque baptisé, où qu’il soit, de faire entendre sa voix.
Le processus a commencé à la fin de 2021 par des discussions synodales au niveau diocésain. L’objectif était de faire participer tous les paroissiens, mais aussi de solliciter l’avis et la sagesse de personnes d’autres confessions chrétiennes, et même d’autres qui ne sont pas chrétiennes. Cette étape a été la plus longue, car tous les diocèses du monde devaient organiser des séances de prière et d’écoute afin de contribuer au processus.
Après l’étape diocésaine, les régions se sont réunies pour réaliser une synthèse, qui a été suivie d’une synthèse nationale et enfin de synthèses continentales. Publiée le 12 avril 2023, la synthèse nord-américaine sera soumise au Vatican aux fins de discussion et discernement, en même temps que les synthèses continentales d’autres régions du monde. Les réunions de l’étape continentale nord-américaine comprenaient « 931 délégués (50,2 % de femmes et 49,8 % d’hommes) de diverses vocations, dont 391 femmes laïques, 235 hommes laïques, 76 diacres, 148 prêtres (diocésains et religieux), 77 religieuses et quatre religieux non ordonnés, ainsi que 146 évêques ». (p. 3)
Thèmes clés du document nord-américain
Les thèmes clés issus de l’étape continentale du synode sont tous des thèmes que nous pouvons regrouper dans notre contexte d’éducation catholique.
Coresponsabilité
« Il faut libérer les dons de chacun. » (p. 16)
Le thème clé de la coresponsabilité signifie que tous les baptisés de l’Église ont une dignité égale. Compte tenu de cette réalité, il est essentiel d’honorer tout particulièrement la contribution de ceux qui sont marginalisés d’une manière ou d’une autre, notamment, selon le document, les femmes, les jeunes et d’autres groupes. « La responsabilité du ministère n’incombe pas seulement aux prêtres, mais à chaque personne baptisée. Il y a vraiment là un espace où nous pouvons permettre aux femmes et à certaines personnes plus marginalisées dans l’Église d’assumer des rôles de leadership » (p. 18). Selon une vision synodale de l’Église, le leadership n’est pas censé être lourd et dictatorial : il doit plutôt utiliser les dons particuliers de chaque membre du Corps du Christ pour construire le royaume.
Dans les écoles catholiques, nous encourageons nos élèves à assumer la coresponsabilité de leur propre apprentissage et de leur évolution vers la maturité. De plus, nous savons que les élèves sont à l’école non seulement pour recevoir quelque chose de nous, mais aussi pour partager leurs dons particuliers et leur sagesse. Dans une école catholique, la coresponsabilité signifie que nous ne considérons pas les élèves, les enseignants et les administrateurs comme de simples projets à améliorer, mais plutôt comme des partenaires dans l’effort d’éducation et d’évolution.
Comme le dit Saint-Paul, « L’œil ne peut pas dire à la main : “Je n’ai pas besoin de toi”, ni la tête dire aux pieds : “Je n’ai pas besoin de vous” ». Nous nous efforçons de découvrir les dons particuliers que Dieu a donnés à chaque personne, et nous les implorons de partager la responsabilité de la construction du royaume de Dieu dans nos écoles.
Participation des jeunes
« Nous sommes souvent perçus comme l’avenir, mais en réalité nous sommes aussi ‘l’aujourd’hui’ l’Église. » (p. 20)
L’un des points les plus fréquemment évoqués par les synodes d’Amérique du Nord est la nécessité de s’engager auprès des jeunes. Ce document appelle à une reconnaissance renouvelée des dons, de la créativité et de l’ingéniosité des jeunes, non seulement en tant que membres, mais aussi en tant que chefs de file au sein de l’Église.
Les écoles catholiques ont l’occasion unique d’aider les jeunes à comprendre et à exercer leur rôle dans l’Église, non pas dans l’avenir, mais dans le présent. Dans une école catholique, les jeunes peuvent atteindre une maturité, faire l’expérience du leadership et découvrir leurs propres passions et dons tout en faisant preuve de créativité d’une manière sûre et stimulante. Nos écoles peuvent donner aux élèves la possibilité de découvrir ce qu’ils peuvent apporter en plus de ce qu’ils croyaient possible, et de constater que leurs voix et leurs points de vue ne sont pas seulement appréciés, mais aussi nécessaires.
Une plus grande inclusivité
« On note le profond désir d’une plus grande inclusion et d’un meilleur accueil au sein de l’Église. Différentes raisons font que l’on perçoit l’Église comme inhospitalière, mais tout le monde souligne que l’Église doit honorer de manière authentique la dignité baptismale de chacune et de chacun. » (p. 26).
Il est important que « les gens aient la possibilité de s’exprimer, mais aussi d’être entendus, validés et reconnus » (p. 30).
Dans les discussions synodales, l’une des réflexions centrales est celle d’« élargir la tente ». L’analogie biblique entre cette réflexion synodale et la tente de réunion de l’Ancien Testament évoque l’intimité entre le Seigneur et Moïse lors de la marche dans le désert avec les Israélites.
Le document synodal demande à certains moments d’« élargir la tente », c’est-à-dire l’agrandir afin d’aider un plus grand nombre de personnes à se sentir bienvenues et valorisées dans l’Église. À d’autres moments, il demande de « sortir de la tente », c’est-à-dire quitter ce que nous connaissons pour nous ouvrir aux périphéries avec un enthousiasme missionnaire.
Dotés d’un enthousiasme missionnaire similaire et de la compassion du Bon Pasteur, nous pouvons nous poser la question suivante : qui se trouve à la périphérie de nos écoles? Qui vit en marge? Quelle personne doit savoir qu’elle est la bienvenue sous notre tente, tel qu’elle est? Ce besoin d’empathie, d’inclusion et d’unité a été un thème central exprimé par les Églises en Amérique du Nord; il peut l’être aussi de manière unique dans chaque communauté abritant une école catholique. En fin de compte, nous avons l’occasion de « cultiver la joie de la vie de disciple afin d’accompagner ceux et celles qui font l’expérience de l’aliénation dans notre société. » (par. 34).
Quelle est la prochaine étape?
« Au début de l’Église, au moment de la Pentecôte, il y avait de la confusion et de la peur, mais aussi des attentes et de l’espérance. C’est vrai à toutes les époques, y compris la nôtre. La réponse de l’Esprit Saint a été de rassembler l’Église et de lui permettre d’entendre et de comprendre le message de l’Évangile. » (par. 55).
Cet automne, les évêques se réuniront en synode à Rome pour écouter, discuter et discerner les propositions de l’étape continentale. Ce processus se terminera comme chaque synode d’évêques, à savoir la publication d’un document final par le pape. Quel que soit le contenu de ce document, l’objectif de l’Église est que le processus synodal lui-même change la manière dont nous fonctionnons en tant qu’Église : que nous écoutions, que nous discernions et que nous partagions les responsabilités plus intentionnellement qu’auparavant.
Dans nos systèmes scolaires catholiques, nous avons la possibilité particulière de mettre en pratique le principe de synodalité lorsque nous assumons un leadership au sein de nos conseils d’administration, de nos équipes administratives et surtout en tant qu’enseignants dans les salles de classe. Les écoles catholiques offrent à chaque élève, catholique ou non, la possibilité concrète d’être pris en charge, de montrer sa dignité inhérente et de se voir offrir la possibilité d’être coresponsable par les nombreux enseignants, administrateurs et autres mentors qu’ils rencontrent tout au long de leur parcours éducatif.
Alors que l’Église poursuit sa réflexion sur le thème de la synodalité ‒ comment cheminer ensemble en faisant preuve de compréhension et de compassion envers toutes les personnes que nous rencontrons ‒, réfléchissons à la manière dont la mission des écoles catholiques pourrait montrer la voie et assurer une véritable synodalité au sein de nos cultures organisationnelles et de nos pratiques éducatives.
« Les gens ont aimé partager, au lieu de se faire exhorter; on ne peut pas revenir en arrière ».
— Document final nord-américain pour l’étape continentale du Synode 2021-2024. paragraphe 57.
Catégories:
Laissez un commentaire