La nuée des témoins enseignants
L’une des plus belles choses dans le fait d’être catholique est la présence et le soutien constants de la « grande nuée de témoins » (Hébreux 12:1) qui nous entoure.
Pendant l’année scolaire, les enseignants ont souvent l’impression devivre inlassablement la même journée – et parfois même sans noter un quelconque progrès ou changement parmi les élèves ou les défis auxquels ils font face. S’inspirer de la sagesse des saints est un moyen efficace de raviver notre persévérance et notre dévouement à l’égard de notre mission commune. Leur sagesse nous rappelle la réalité infinie – et toujours nouvelle – de notre foi en Jésus vivant et présent parmi nous.
En tant qu’enseignants catholiques, nous suivons les traces d’une longue lignée de saints remarquables qui étaient eux-mêmes enseignants ou dont la sagesse illumine tout particulièrement la vocation d’enseigner, notamment Saint Thomas d’Aquin, Saint Jean Bosco, Sainte Elizabeth Seton – ces noms vous sont probablement familiers!
L’un des privilèges d’être catholique est de découvrir sans cesse des saints pratiquement inconnus dont l’histoire nous stupéfait et nous incite à vivre notre mission avec plus de ferveur.
L’Église catholique en Corée – Abattus, mais non anéantis
Dans le présent article, nous nous penchons sur la vie de Saint François Choe Kyong-hwan et de la Bienheureuse Maria Yi Seong-rye, un couple de Coréens habitant dans leur pays d’origine au XIXe siècle. Contrairement à ses milliers d’années d’histoire au Moyen-Orient et en Europe, l’Église catholique a été fondée en secret en Corée dans les années 1780 – il y a donc relativement peu de temps par rapport à l’histoire de l’Église. Au tournant du XIXe siècle, la dynastie régnante Joseon a lancé une persécution de grande ampleur contre l’Église catholique. En 1801, ce mouvement a commencé par l’exécution de 300 catholiques coréens sous le règne du nouveau roi Sunjo. Le catholicisme était en opposition directe avec les valeurs du néoconfucianisme, la religion de l’époque, et mettait en péril le système hiérarchique social établi en Corée. Dans les années 1880, lorsque les Coréens catholiques ont obtenu le droit de pratiquer leur foi, plus de 10 000 de leurs coreligionnaires avaient déjà été martyrisés.
François et Maria étaient d’humbles fermiers qui cultivaient leurs champs et s’occupaient de leur famille. Pendant la période de la persécution, François avait créé une école catholique secrète dans le but de renforcer et développer la foi dans sa communauté. La nuit, au péril de sa vie, il assurait secrètement l’instruction de ses propres enfants et d’autres membres de la communauté.
Lorsque l’école a été découverte, les membres de la communauté ont fait l’objet de terribles persécutions.
François avait demandé à ses élèves de cacher leurs objets de dévotion afin qu’ils ne soient pas profanés, à l’exception des livres car il s’agissait d’armes de lutte essentielles. Finalement, des soldats sont venus arrêter le groupe. François les a accueillis et leur a offert le gîte et le couvert. Il a ensuite accepté d’être arrêté pacifiquement avec son épouse Maria. Peu après, il a subi le martyre, et son épouse a été torturée. Maria a renoncé à sa foi lorsqu’elle a appris la mort de François. Cependant, peu de temps après, alors qu’elle venait de se repentir, elle fut également martyrisée. Leur fils aîné, Thomas Choe Yangeop, est devenu le deuxième prêtre catholique né en Corée; il a exercé son ministère dans des communautés rurales du pays. Un dossier est à l’étude en vue de sa canonisation.
De la Corée du XIXe siècle au Canada actuel
Même si les enseignants catholiques canadiens ne risquent pas de subir le même type demartyre, ils doivent faire preuve de courage pour demeurer inébranlables dans leur foi et leur mission de l’éducation catholique.
Notre rôle en tant qu’enseignants catholiques est de sauvegarder et de protéger nos écoles catholiques contre toute opposition au bien-être et à la foi de nos jeunes. Lorsque nous nous engageons dans des batailles modernes qui menacent nos écoles catholiques, il est essentiel que soyons chacun convaincus, comme François et Maria, de l’importance del’éducation catholique et de son rôle vital dans la transmission de la foi.
Lorsque nous lisons des histoires sur les martyrs, en particulier celles de personnes qui avaient une vocation d’enseignant, nous prenons conscience de la ferveur avec laquelle l’éducation catholique nous a été transmise. Bien que les années passées au service de l’éducation catholique semblent se confondre et les tâches se répéter selon un cycle, découvrir l’histoire de saints tels que François et Maria nous rappelle que notre foi – comme sa transmission – est un concept pour lequel bien des personnes ont vécu et sont morts au fil des siècles.
Apprêtez vos armes
En raison des circonstances de l’époque, les écrits de François sont peu nombreux et il existe peu de détails sur sa vie. Toutefois, nous disposons d’une de ses citations sur l’importance de l’apprentissage intentionnel :
« Un soldat qui part à la guerre a besoin d’instructions de bataille… À un moment comme celui-ci, nous devons étudier tous les livres avec plus de ferveur. »
L’un des enseignements que nous pouvons tirer de la vie et de la sagesse de François est que nous sommes encore en guerre.
Pendant la dernière décennie, nous avons constaté une augmentation sans précédent du nombre d’élèves ayant des problèmes de santé mentale, vivant une situation familiale difficile, ne sachant à qui et à quoi faire confiance et manquant de clarté générale dans ce qui touche leur état d’être humain. L’école catholique est censée être un refuge qui protège les jeunes Canadiens qui ont besoin de l’Évangile. L’attaque perpétrée de nos jours contre nos jeunes est importante. Notre rôle, en tant qu’enseignants catholiques, est de défendre nos jeunes avec fermeté.
Cette année, alors que nous nous efforçons de protéger la mission de l’éducation catholique, il est essentiel de puiser notre force dans la foi et de reprendre notre catéchisme poussiéreux pour en en apprendre davantage sur le « pourquoi » de notre credo et sur la vie qu’il peut insuffler dans nos cours de religion et nos conférences sur l’éducation catholique. Prendre le temps d’éteindre notre téléphone pour ouvrir la Bible peut nous aider à connaître la personne du Christ. Faire de la messe et de l’eucharistie notre propre refuge nous donnera la force de rester dans la zone de bataille, entre nos jeunes et tous les éléments qui les agressent. À l’image de ces saints coréens, nous devons avoir conscience que nous nous trouvons au milieu d’une bataille et que nous devons nous accrocher fermement à notre foi.
Que chacun d’entre nous qui participe à l’éducation catholique se sente revivifié et inspiré par François et Marie et demande leur aide et leur intercession à l’égard de nos écoles catholiques canadiennes et de toutes les personnes œuvrant pour cette mission. François et Marie (des saints qui sont peut-être nouveaux pour nous) connaissent les batailles auxquelles nous sommes confrontées et sont des défenseurs des écoles catholiques. Sollicitons donc leur intercession et leurs conseils alors que nous continuons de nos jours de discerner comment vivre et défendre la mission de l’éducation catholique.
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