De nombreuses écoles catholiques fonctionnent selon la tradition salésienne. Le 31 janvier, nous célébrerons la fête du fondateur de la congrégation des Salésiens : saint Jean Bosco.
Bien avant les systèmes scolaires catholiques actuels, des saints aidaient les jeunes ayant besoin de soins et d’éducation. Un grand nombre d’entre eux ont été oubliés au fil du temps, à part saint Jean Bosco, qui résidait à Turin (Italie) au milieu du XIXe siècle. Il continue d’être un modèle pour les enseignants.
Travaillant à des milliers de kilomètres du Canada il y a près de deux cents ans, que peut-il encore nous apprendre aujourd’hui?
L’histoire de Saint Jean Bosco
Saint Jean Bosco ou Don Bosco, comme l’appelaient ses élèves, est surtout connu pour avoir fondé la congrégation des Salésiens, inspirée de la vie de saint François de Sales. Il consacrait son quotidien à l’éducation des jeunes de Turin. Nombre d’entre eux étaient des victimes d’une industrialisation et d’une urbanisation rapides, qui les laissaient orphelins ou abandonnés.
Don Bosco les sortait de la rue pour les soigner et les éduquer. Il était connu pour se promener dans les rues, jongler et faire des tours de prestidigitation afin de gagner leur attention et leur confiance. Il les invitait ensuite à connaître l’Église. Il a fondé un refuge et une école pour ces jeunes garçons, appelée l’Oratorio. Peu de temps après, Maria Domenica Mazzarello l’a rejoint pour fonder une congrégation, les Sœurs salésiennes de Don Bosco, qui prenait soin et éduquait des jeunes filles.
À la fin de sa vie, Don Bosco et les Salésiens logeaient et éduquaient plus de mille enfants pauvres, délinquants et orphelins.
Lorsqu’il s’est attelé à sa tâche d’enseignant, saint Jean Bosco a établi les trois principes centraux de sa philosophie éducative : la raison, la religion et la bonté. À une époque où beaucoup de personnes commençaient à critiquer les méthodes punitives de l’éducation, Don Bosco évitait déjà les punitions. Il avait adopté une autre approche qu’il appelait la méthode préventive : il traitait chaque jeune avec respect et gentillesse, comme un bon père traite son enfant chéri, et leur demandait en échange de faire preuve de respect et d’amour.
Premier principe de Don Bosco : la raison
La plupart des enseignants se souviennent probablement d’enseignants, de mentors, d’administrateurs, d’entraîneurs ou de directeurs qui les ont inspirés et encouragés et qui ont contribué à leur cheminement personnel, scolaire ou spirituel. C’est exactement ce que faisait Don Bosco auprès de ses élèves : il était une personne aimée qui motivait ses élèves par l’amour, plutôt que par des punitions arbitraires ou corporelles. Selon lui, envisager des conséquences raisonnables face aux actes des élèves, dans le cadre d’une relation bienveillante et respectueuse entre enseignants et élèves, permettait à ces derniers d’obtenir de meilleurs résultats scolaires.
La méthode préventive de Don Bosco consistait non pas à punir les élèves après une faute mais à établir une relation suivie et à donner des conseils et des directives aimables afin qu’ils soient moins tentés de récidiver.
Comme il le reconnaissait lui-même, une punition sévère est souvent la solution la plus facile pour un enseignant : « C’est plus facile, moins compliqué, de [punir et menacer] ». Cependant, c’est une solution peu efficace chez des jeunes qui apprennent à s’orienter vers la bonté. Les enseignants ne doivent pas être sévères ou amers dans leur discipline, car « les jeunes n’oublient pas facilement les punitions qu’ils ont reçues et entretiennent, pour la plupart, des sentiments amers, ainsi que le désir de secouer le joug et même de se venger » (Constitutions et règle de la Société de saint François de Sales, saint Jean Bosco).
La relation d’amour entre le mentor et l’élève figurait au cœur de l’approche raisonnable de Don Bosco. « L’enseignant était à la fois le père et l’enseignant; les élèves étaient ses fils. Et, aux yeux de Don Bosco, cela était à la fois raisonnable et souhaitable. Le père-enseignant les inspirait par l’exemple, les encourageait par son souci de leur bien-être. Eux, qui étaient des fils, réagissaient à l’exemple et à l’amour » (The Educational Philosophy of St. John Bosco, Morrison, page 83).
Appliquer aujourd’hui le principe de la raison dans nos écoles :
- Comment favorisez-vous une relation de bienveillance, d’amour et de sollicitude avec les élèves?
- Si un élève se comporte mal, doit-il faire face aux conséquences naturelles et logiques de ses actes ou doit-il subir une punition arbitraire? Comment notre discipline peut-elle devenir plus « raisonnable »?
Deuxième principe de Don Bosco : la religion
Le deuxième élément clé de la méthode de saint Jean Bosco était la religion. Au-delà du simple fait d’encourager les élèves à bien se comporter, Don Bosco les orientait constamment vers la source de la miséricorde et de la grâce, dont ils avaient besoin pour s’épanouir dans la vertu et réparer leurs fautes.
Sa pédagogie consistait à « les encourager à utiliser les moyens de grâce disponibles : la confession, la communion, la pénitence et la mortification » (Morrison, 111). Cela pouvait prendre aussi la forme de brefs rappels de notions d’éducation catholique répartis dans la journée ou d’exhortations fréquentes à révéler sa souffrance et à emprunter le chemin de la vertu dans les échanges quotidiens.
Don Bosco était convaincu que les pratiques catholiques de piété ne pouvaient qu’être bénéfiques à ses élèves, mais il ne les forçait jamais. « N’obligez jamais les garçons à fréquenter les sacrements. Encouragez-les plutôt dans cette voie et donnez-leur toutes les occasions pour cela… laissez la beauté, la grandeur et la sainteté de la religion catholique les habiter. Dans les sacrements, elle offre un moyen très facile et très utile pour parvenir au salut et à la paix dans le cœur. » (Constitutions et règle, Don Bosco). Il cherchait à « établir la persévérance dans une vie saine », de sorte que les fondements d’une conduite morale, décrits dans ses oratorios, puissent s’incarner dans la vertu, le devoir et la sainteté durant toute la vie (Morrison, 114).
L’exemple prôné par le formateur était essentiel pour inculquer des valeurs religieuses aux élèves. Don Bosco, par exemple, se confessait chaque semaine, « non pas en privé… mais publiquement, dans l’église, devant tout un chacun » (Morrison, 115). Il a refusé des postes prestigieux au sein de l’Église pour pouvoir continuer de vivre parmi ses élèves. Dans la communauté, il était très admiré pour son honnêteté, sa simplicité et sa joie.
Don Bosco illustrait l’adage du pape Paul VI : « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins » (Evangelii nuntiandii, paragr. 41).
Appliquer aujourd’hui le principe de la religion dans nos écoles :
- En quoi êtes-vous un exemple de vertu, de moralité et de piété catholiques, comme l’était saint Jean Bosco?
- Que signifie pour vous le fait de « laisser la beauté, la grandeur et la sainteté de la religion catholique habiter les élèves » dans une école catholique?
Troisième principe de Don Bosco : la bonté
Enfin, au cœur de la méthode préventive de saint Jean Bosco réside aussi la bonté. Tout devait être accompli dans l’amour, non seulement pour gagner les cœurs ou s’épanouir dans la connaissance intellectuelle, mais aussi pour rapprocher les élèves du Christ lui-même. Pour chaque jeune, la bonté de l’enseignant devait être une fenêtre sur la bonté de Dieu.
L’accent mis sur la bonté a également eu des avantages psychologiques. La bonté exprimée à l’égard des élèves allait surtout de pair avec un sentiment d’espoir, d’optimisme et de gaieté omniprésent chez ces derniers. Selon sa méthode, Don Bosco donnait la priorité aux jeux, à l’amusement et à la distraction. Pendant ces périodes, les élèves devaient « avoir l’entière liberté de sauter, de courir et de faire autant de bruit qu’ils voulaient » (Constitutions et règle).
Néanmoins, Don Bosco était clair sur le fait que cette récréation devait être imprégnée de bonté : « Que l’on prenne garde, cependant, à ce que les jeux, les personnes qui les pratiquent ainsi que les conversations ne soient pas répréhensibles. Faites ce que vous voulez, disait le grand ami des jeunes, saint Philippe [Néri], pourvu que vous ne péchiez pas ». (Constitutions et règle).
Don Bosco veillait à ce que ses élèves pratiquent la charité à chaque occasion. Par exemple, en 1854, lors de l’épidémie de choléra à Turin, saint Jean Bosco et plus de quarante de ses élèves parmi les plus âgés se sont portés volontaires pour travailler en tant qu’infirmiers. Alors que l’épidémie faisait des milliers de morts et que de nombreux médecins locaux abandonnaient leur poste pour fuir la maladie, les jeunes de Don Bosco prouvaient, par leur générosité et leur charité, que la formation morale qu’ils avaient reçue venait du cœur.
En outre, « Don Bosco a appris par expérience que la bonté, tempérée par la patience, était un trait de caractère attrayant… et sa mission éducative dépendait, en grande partie, de sa capacité d’attirer à la fois les enseignants et les élèves vers ses méthodes » (Morrison, 123). Ainsi, la véritable gentillesse avait aussi un but éminemment pratique dans le développement de ses écoles.
De la même manière, nos écoles catholiques doivent convaincre les élèves et les familles et les attirer vers une expérience d’éducation unique et centrée sur la véritable gentillesse afin de demeurer dynamiques tout au long du XXIe siècle.
Appliquer aujourd’hui le principe de bonté dans nos écoles :
- Comment attirez-vous de nouveaux élèves et de nouvelles familles dans votre école? Votre méthode de recrutement est-elle empreinte de bonté?
- Vos élèves ont-ils régulièrement l’occasion de faire preuve de charité envers les personnes dans le besoin?
Sources:
Constitutions et règle de la Société de Saint François de Sales, par Jean Bosco, publiées en 1874.
The Educational Philosophy of St. John Bosco, par John Morrison (doctorat), publié par Salesiana Publishers, New Rochelle, NY, 2010.
Evangelii nuntiandii, Exhortation apostolique de sa sainteté le pape Paul VI, publiée le 8 décembre 1975.
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