Avez-vous lu la dernière lettre de la CECC adressée aux jeunes Canadiens?
Intitulée Une lettre pastorale des évêques catholiques du Canada aux jeunes, elle a été publiée le 12 octobre 2022 (en l’honneur de l’anniversaire du décès du bienheureux Carlo Acutis, premier millénaire béatifié, qui est mentionné dans la lettre ‒ nous y reviendrons plus loin).
Pourquoi une lettre adressée aux jeunes? Et pourquoi maintenant?
Comme vous le savez peut-être, à l’automne 2020, la CECC a tenu des discussions en format virtuel avec plus de 200 jeunes de 12 à 25 ans de partout au Canada. Le but était de les inviter intentionnellement à participer au processus synodal. Dans le cadre de ce processus, le pape François a invité les évêques de l’Église et les fidèles à s’écouter les uns les autres et à cheminer ensemble. La lettre est la réponse à ces discussions.
Rédigée par Mgr Raymond Poisson, président de la CECC, avec la collaboration de divers spécialistes en théologie, en pastorale jeunesse et en vie familiale, la lettre s’adresse directement aux jeunes catholiques dans leur contexte actuel. Elle peut servir à une réflexion individuelle ou en groupe, par exemple une école catholique.
Quel message l’Église canadienne souhaite-t-elle transmettre aux jeunes de nos jours?
À bien des égards, ce document n’a pas pour but de dire quelque chose d’entièrement nouveau aux jeunes Canadiens. Il consiste plutôt à leur transmettre la parole évangélique dans le contexte dans lequel ils évoluent aujourd’hui et de leur montrer que l’Église est sensible à leurs contributions, soucieuse de leur situation et prête à les écouter. « Ces activités [discussion en format Zoom] font partie de ce que nous appelons une expérience « synodale »… En tant qu’évêques du Canada, nous souhaitons cheminer avec les jeunes, non seulement pour mieux comprendre le monde au travers de leur expérience, mais aussi pour les encourager et les soutenir alors qu’ils grandissent dans leur propre foi. »
Dans le présent article, nous mettons l’accent sur deux des principaux thèmes de cette lettre canadienne et nous vous indiquons comment exprimer l’espérance de l’Église aux jeunes de votre classe.
Premier thème : Les jeunes sont précieux et peuvent apporter une contribution unique
La lettre pastorale mentionne maintes fois que les jeunes ne sont pas une partie périphérique de l’Église : ils sont remplis de l’amour de Dieu et de la puissance de l’Esprit Saint et sont donc capables de grandes réalisations. « L’amour de Dieu et l’exemple du Christ vous donnent la force de dépasser vos limites et de changer le monde! Vous faites toute la différence pour les personnes qui vous aiment et vous êtes précieux aux yeux de notre communauté de foi. » (Lettre pastorale, page 2, caractères gras ajoutés).
En tant que jeune, Jésus lui-même a contribué à la sphère religieuse, même si son ministère public n’exista que de nombreuses années plus tard. La lettre pastorale relate l’histoire des retrouvailles avec Jésus, en tant que jeune homme, dans le temple, alors que « les docteurs de la loi appréciaient la voix prophétique de Jésus, tout comme nous reconnaissons la portée de votre parole aujourd’hui » (page 2).
Dans son exhortation apostolique Christus vivit ‒ qui signifie en latin « Le Christ est vivant! » ‒, le pape François souligne que : «Vous les jeunes, Jésus ne vous éclaire pas de loin ou du dehors, mais dans votre jeunesse même qu’il partage avec vous… car il a vraiment été l’un de vous » (page 3, caractères gras ajoutés).
La vie de plusieurs jeunes saints est citée comme un exemple supplémentaire de la façon dont les jeunes ont témoigné de leur foi en Jésus et ont eu un effet sur le monde qui les entoure : la bienheureuse Vierge Marie, sainte Kateri Tekakwitha et le bienheureux Carlo Acutis, le premier millénaire à avoir été proclamé bienheureux, sur le chemin de la canonisation. Le pape François nous rappelle les paroles du bienheureux Carlo Acutis : « Nous sommes tous nés comme des originaux, mais beaucoup d’entre nous meurent comme des photocopies ». « Soyez uniques! Levez-vous et devenez la personne que vous êtes appelés à être! » (page 9).
Dans votre classe
- Lisez les pages 2 et 3 et 7 et 8 de la lettre pastorale avec les élèves et abordez les questions de réflexion :
- Qui ont été les personnes sur votre chemin de vie qui vous ont aidés à grandir dans la foi?
- Où êtes-vous le plus à l’aise pour parler de votre foi et la partager avec les autres?
- En quoi le « oui » de Marie vous aide-t-il à mieux comprendre le projet de Dieu pour votre vie?
- À la suite de l’exemple de sainte Kateri Tekakwitha, comment trouvez-vous la force nécessaire pour surmonter la souffrance et les épreuves de la vie?
- Comment l’héritage du bienheureux Carlo Acutis vous inspire-t-il à être un jeune ordinaire, extraordinaire dans la foi?
- Approfondissez vos connaissances sur la vie des jeunes saints et bienheureux, en particulier ceux qui ont vécu à l’époque moderne.
- Faites confiance à vos élèves pour transmettre la grâce et la sagesse de Dieu. Offrez davantage de possibilités aux jeunes de discerner et de prendre des décisions qui auront un effet sur votre classe et votre école.
Deuxième thème : L’anxiété et l’isolement doivent être combattus par la consolation et la communion
De plus en plus de jeunes connaissent l’isolement, qui accompagne parfois l’utilisation des technologies, et l’anxiété provoquée par la crise climatique et une peur générale de l’avenir. Ainsi, les évêques du Canada affirment clairement que la communauté ecclésiale doit être un lieu de consolation et de communion.
Pour de nombreuses personnes travaillant dans les écoles catholiques, il n’est pas surprenant d’apprendre que les jeunes sont actuellement très anxieux et déprimés. Une étude réalisée en 2018 a établi une hausse de l’anxiété au Canada : les troubles anxieux diagnostiqués par des professionnels ont doublé chez les jeunes de 12 à 24 ans, passant de 6 % en 2011 à 12,9 % en 2018. Des études récentes indiquent que le taux d’anxiété a encore augmenté pendant et depuis la pandémie de COVID-19.
En outre, les technologies, qui à l’origine étaient en quelque sorte destinées à nous rapprocher les uns des autres, nous condamnent souvent à un plus grand isolement : « Même si les avantages de la technologie sont nombreux, les jeunes nous ont dit que les médias sociaux peuvent toutefois devenir absorbants, dénués de sens et même blessants, ce qui les amène à vivre des sentiments d’isolement, de solitude et de perte d’estime de soi » (page 4). Les évêques ont encouragé les jeunes à développer des relations en personne significatives, au sein desquelles des liens solides de communion peuvent être tissés. « Le pape François rappelle que les espaces virtuels ne peuvent remplacer les relations humaines… [Jésus] nous appelle à s’ouvrir à une réalité qui va bien au-delà du virtuel » (page 4).
Les évêques du Canada comptent sur les communautés immédiates de jeunes pour veiller avant tout directement à leur santé mentale. « Bien qu’il puisse être difficile de faire le premier pas, nous vous encourageons à chercher d’abord de l’aide auprès de votre famille. Vous pouvez aussi parler avec un prêtre, une agente ou un agent de pastorale jeunesse, une enseignante ou un enseignant, une conseillère ou un conseiller en orientation, ou encore un médecin. Ensemble, nous voulons vous aider à trouver un équilibre dans votre vie, en prenant soin de votre corps, de votre cœur et de votre âme » (page 5, caractères gras ajoutés).
Dans votre classe
- Évaluez l’usage de la technologie dans votre classe. Comment pourriez-vous faciliter les relations et l’amitié en personne entre vos élèves?
- Comprendre les ressources en santé mentale existant dans votre école et la communauté et en parler ouvertement.
- Lire la section « La technologie et la foi » (page 4) et aborder les questions de réflexion avec les élèves :
- Comment équilibrez-vous le temps passé en ligne et le temps passé en personne avec votre famille et vos amis?Comment l’Église pourrait-elle mieux utiliser la technologie pour se rapprocher des jeunes?
- Que signifie pour vous « devenir qui vous êtes »?
Conclusion : Soutenons nos jeunes
L’un des points les plus importants de cette lettre pastorale est de rappeler aux jeunes ‒ ainsi qu’à ceux qui les soutiennent ‒ à quel point ils sont importants pour la vie de l’Église : « C’est maintenant que l’Église a besoin de votre vitalité et de votre enthousiasme ». « Votre foi, votre espérance et votre amour sont nécessaires pour créer une Église et un monde plus juste et compatissant. » « Votre témoignage chrétien inspirera d’autres personnes et pourra contribuer à « soigner les blessures de l’Église et du monde. » (Page 9)
Il ne s’agit pas de paroles en l’air.
Dans cette lettre, les évêques du Canada affirment clairement que tous les jeunes de l’Église, de celui timide et sérieux du premier cycle du secondaire à l’autre exubérant et créatif du deuxième cycle, ont une contribution significative et irremplaçable à apporter à la vie de l’Église, non seulement dans l’avenir, mais aussi dès maintenant. Comme l’a écrit le pape Jean-Paul II dans sa lettre Ecclesia in America en 1999, « il appartient aux jeunes chrétiens […] d’être les apôtres de leurs camarades ».
Cependant, malgré leur grand appel, ils font face à de nombreux défis : il s’agit de défis sans précédent, notamment des sentiments d’anxiété, d’isolement et de crainte. En tant que responsables et partisans de l’éducation catholique, notre rôle est de ne pas oublier ou de ne pas considérer comme acquise l’importance des jeunes qui font partie de nos vies.
Imaginez un monde où les enseignants, les administrateurs et les partisans des écoles catholiques comprendraient vraiment les dons de chaque jeune et les aideraient à faire entendre leur voix et à développer leurs talents. Nombre d’entre nous se trouvent dans une position privilégiée pour accomplir vraiment cela, peut-être pas à l’égard de chaque jeune, mais pour ceux que nous aimons et dont nous nous occupons.
Dans nos écoles et nos communautés catholiques, nous pouvons aider nos jeunes à s’épanouir et à devenir eux-mêmes.
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